Laulhère est l’une des dernières entreprises françaises à fabriquer des bérets. Les propriétaires se battent depuis 174 ans pour que le trésor national français, le couvre-chef, reste une création hexagonale. Pas facile de s’imposer face à la concurrence de la Chine, de l’Inde et d’autres pays qui vendent des contrefaçons à des prix défiant toute concurrence sur les marchés tchèque, chinois et indien. Mais le béret est aussi devenu le symbole du « Made in France », et Laulhère compte bien en profiter. Après avoir racheté Blancq-Olibet, son principal concurrent français, Laulhère se retrouve à nouveau parmi les derniers fabricants traditionnels de bérets, avec la ferme intention de préserver ce qui est devenu une icône mondiale de la France aux côtés de la baguette.
Laulhère est revenu dans les rangs de la fabrication française
L’entreprise française Laulhère est revenue dans les rangs du « Made in France » après s’être relocalisée dans les Pyrénées, où ses emblématiques cove-chefs plats et circulaires ont été conçus à l’origine pour protéger les agriculteurs des intempéries. L’industrie du chapeau est en grand danger en raison du taux de plus en plus élevé de fabrication de chapeaux à l’étranger. Laulhère affirme sur son site web : « Pour nous, le Made in France, ça veut encore dire quelque chose. » « Il y a béret et béret », dit Mark Saunders, un directeur commercial irlandais qui a passé la majeure partie de deux décennies en France. « Si vous ne voulez pas sentir comme une vieille chaussette, par exemple, seul notre béret français traditionnel fera l’affaire. C’est un petit détail, mais il peut s’avérer crucial.
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Des chapeaux pour les armées du monde entier
Pour fabriquer un béret traditionnel, les artisans ont besoin de 800 mètres de fil de laine mérinos et d’une bordure en cuir. Ce dernier ne peut pas être pénétré, ne se décolore pas au soleil et reprend sa forme après avoir été plié. Après que le béret basque soit devenu rapidement populaire dans les années 1930, il a été adopté par les militaires du monde entier. Parmi les principaux clients de Laulhère figurent l’armée française, les Nations unies et l’Organisation de l’unité africaine. Cependant, ils ne sont pas les seuls ; la Côte d’Ivoire, le Koweït et l’Arabie saoudite sont également concernés. S’ils achetaient auparavant leurs casquettes à des entreprises chinoises, pakistanaises ou indiennes, ils ont pu constater que le prix plus élevé était dû à la mauvaise qualité des produits reçus.
Le défi de la compétitivité des produits fabriqués en France
Dans les années à venir, Laulhère s’attend à une augmentation de toutes les commandes provenant d’Afrique occidentale et du Moyen-Orient. La bataille de Laulhère est un excellent exemple du défi de la compétitivité lancé par François Hollande. Un grand nombre d’entreprises françaises plient face à une concurrence mondiale intense, ce qui contribue à l’effondrement de l’économie et à un taux de chômage élevé. Même si le gouvernement prévoit une croissance de 0,9 % pour 2014 et que les déficits commerciaux se sont réduits pour la deuxième année consécutive en 2013, la France reste derrière l’Espagne en matière d’exportations en raison des coûts salariaux plus faibles de cette dernière. Hollande s’efforce toujours de rassurer et de soutenir la compétitivité française, et le ministre du réinvestissement industriel, Arnaud Montebourg, souligne l’importance des produits fabriqués en France pour générer des emplois nationaux. Ainsi, en 2012, Montebourg a fait la couverture du Parisien avec une marinière sur le dos, une montre Michel Herbelin au poignet et un robot Moulinex dans les mains pour promouvoir l’industrie française.
C’est un combat pour faire des bénéfices
Mais Laulhère, dont le chiffre d’affaires s’élevait à 1,7 million d’euros l’année précédente, n’a pas dégagé de bénéfices et a pour seul objectif d’équilibrer ses comptes cette année. L’entreprise pyrénéenne prévoit qu’elle pourra produire 200 000 bérets cette année, contre 160 000 en 2017. La moitié de la production sera envoyée aux différentes armées du monde entier, le reste étant destiné à l’industrie de la mode et aux quelques traditionalistes qui utilisent encore cette couverture. À 40-75 euros pour les bérets d’hommes et 20-95 euros pour ceux des femmes, les prix de Laulhère sont nettement plus élevés que ceux proposés par les fabricants de chapeaux en Chine, au Pakistan, en Inde ou en République tchèque. Résultat, après trente ans, il ne reste plus que deux usines de chapeaux à Oloron Sainte-Marie, où tous les chapeaux français étaient traditionnellement fabriqués : Laulhère et Blancq-Olibet.