J’ai eu la chance de rencontrer Norbert Attali, secrétaire général de la CASDEN (La banque coopérative des salariés de l’éducation et de la recherche) à Paris. Il est tout à fait logique de mettre tous ses œufs dans le même panier dans cette banque particulière pendant la période de la rentrée scolaire. Avant toute chose, j’aimerais dire quelques mots sur mon interlocuteur. Norbert Attali est un homme dont l’histoire illustre parfaitement « l’esprit CASDEN ».
Biographie express approfondie de Norbert Attali
Non, Norbert Attali n’est pas le politicien typique ou le banquier d’un politicien. Expert en formation, il a passé la première décennie de sa carrière dans les salles de classe avant d’évoluer vers des fonctions administratives et managériales.
Assurance, immobilier, banque et enseignement supérieur : Norbert Attali a eu une carrière variée avant de rejoindre la CASDEN.
Son parcours l’a conduit à la MGEN et à la Mutuelle de la Fonction Publique. Pourtant, cela ne l’a pas empêché de redevenir enseignant et finalement directeur d’école.
Norbert Attali est chargé de la stratégie, de la vie sociale et juridique, et de la communication en tant que secrétaire général de la CASDEN.
L’interview
Weblog Finance : Le Blog Le regretté Norbert Attali, Tout d’abord, je tiens à vous dire combien j’apprécie que vous m’accordiez cette interview durant ce mois de septembre si mouvementé. Pour commencer, pouvez-vous nous résumer brièvement le fonctionnement de la CASDEN ?
Quant à vous, Norbert Attali : Si vous le permettez, j’aimerais commencer par quelques informations de base. En effet, je pense qu’il est essentiel de comprendre les origines de la CASDEN afin de saisir toute l’étendue de sa fonction actuelle.
Certains éducateurs qui ne disposaient pas de garanties pour leurs prêts ont décidé de prendre les choses en main et de créer cette banque. Se sentant comme des clients de seconde zone pour les banques « classiques » de l’époque, ils ont décidé de créer leur propre banque en mettant en commun leurs économies pour financer des projets individuels.
La Caisse de Prêts de l’Education Nationale de Seine et Oise a été créée en 1951 et rebaptisée CASDEN en 1957. En près de 60 ans, elle a rassemblé plus de 1,3 million de clients actionnaires.
Suite à un mécontentement, LBF : La CASDEN est née.
Attali, Norbert Il n’y a pas que vous, bien sûr ! De cette volonté de créer une banque qui réponde à leurs exigences et dépasse leurs attentes est née la vision d’une institution financière qui donne la priorité à ses membres en mettant en pratique au quotidien des idéaux tels que la communauté, l’accessibilité et l’équité. Ces convictions fondamentales ont toujours servi de base à la banque ; il ne s’agit pas d’un stratagème marketing. Rien n’a changé depuis.
En prenant un peu de recul, on constate que cette stratégie est aujourd’hui portée par les vents dominants. L’économie collaborative, la coopération avec les clients et d’autres concepts de ce type sont ancrés dans l’ADN de la CASDEN depuis des décennies. On peut donc dire que nos employés et nos bénévoles sont porteurs de « l’esprit CASDEN », qui est très apprécié par les membres de notre Société.
Cependant, pour répondre à votre premier point, nos objectifs sont conformes à ce que tout individu attendrait d’une banque de détail. Nous proposons des prêts (tant pour les maisons que pour les biens de consommation), des assurances, des services de planification de la retraite et d’autres offres spéciales pour les éducateurs en herbe et les nouveaux membres du corps enseignant.
LBF : Donc, en dehors de ce que vous appelez son positionnement, la CASDEN est une banque comme les autres, non ?
Norbert Attali : Je dirais que, comme les autres banques, la CASDEN est une institution financière, mais qu’elle n’est pas comme les autres. Les idéaux que j’ai décrits tout à l’heure ne sont pas de simples proclamations.
Je peux vous donner quelques exemples concrets si vous le souhaitez.
Dans le cas de ma discussion sur la solidarité, par exemple. Certains membres de la CASDEN renoncent aux intérêts sur leurs comptes d’épargne afin que la coopérative puisse offrir de meilleures conditions aux emprunteurs. De leur côté, ils auront accès à des taux d’intérêt compétitifs sur les prêts le jour où ils les contracteront. Un autre exemple de ce principe est le fait que les membres d’une société peuvent offrir des avantages à leurs enfants même si ces derniers ne deviennent pas eux-mêmes membres de la société.
Nous encourageons également le concept de proximité physique et professionnelle. Non seulement il est pratique d’avoir une banque près de chez soi, mais c’est aussi un endroit où l’on peut trouver une oreille attentive et compréhensive. Qui mieux qu’un enseignant pour comprendre un enseignant ? Près de 220 Délégués Départementaux, retraités ou actifs dans l’Education Nationale, et 8000 autres banquiers bénévoles couvrent le pays pour répondre aux interrogations de leurs collègues.
Enfin, parler d’équité n’est pas un acte de ma part.
Chez nous, vous pouvez être certain que toutes nos entreprises clientes seront traitées équitablement. Les conditions de nos prêts et de nos financements dépendent entièrement du niveau de l’effort d’épargne. C’est pourquoi il n’y a pas de préférences ou de restrictions basées sur le revenu d’une personne, sa situation familiale ou tout autre facteur.
C’est un mode de vie et ce sont des idéaux que nous soutenons pleinement. Il s’agit simplement d’une décision éthique qui n’a rien à voir avec la Commission.
LBF : C’était un discours puissant pour une institution financière. Ne pensez-vous pas que c’est utopique, surtout au vu de la situation actuelle ?
Norbert Attali : En fait, je suis convaincu au plus profond de moi-même que notre modèle est en phase avec l’évolution des besoins des consommateurs. Notre engagement n’est pas factice. Nous sommes une institution financière à la tête d’un effort collectif basé sur les principes de collaboration et d’entraide.
Nous parions sur la loyauté et le soutien à long terme à une époque où de nombreuses personnes ont peur du système bancaire et où le court terme semble l’emporter. Les résultats sont là, et ils sont bons : nos indicateurs avancés sont solides, et nous n’avons pas à rougir de nos résultats.
En effet, la CASDEN a annoncé les chiffres suivants pour 2013 :
11,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit environ 224 millions d’euros de résultat net bancaire.
un bonus de 70 millions d’euros de résultat net consolidé pour un coefficient d’exploitation de 50%.
Des bénéfices à long terme ! Mais comment la CASDEN envisage-t-elle l’avenir face au climat d’incertitude actuel ? Etes-vous inquiet ?
Norbert Attali : Je travaille pour une banque dont la principale caractéristique est de favoriser une vision du temps radicalement atypique par rapport à la plupart des autres organisations. En conséquence, nous sommes en mesure de nous concentrer sur la situation dans son ensemble sans nous soucier des résultats à court terme.
Nous disposons de fonds internes importants, nous avons la confiance de nos actionnaires et nous nous engageons à poursuivre notre croissance.
Comme nos fondations sont solides, nous pouvons envisager l’avenir avec confiance. La CASDEN n’étant pas cotée en bourse, nous ne sommes pas soumis aux exigences des actionnaires soucieux de rentabilité. En raison de la taille de notre clientèle par rapport à l’importance de nos extensions de crédit, nous sommes quelque peu protégés des fluctuations des marchés financiers.
Par conséquent, nous ne sommes pas inquiets, mais plutôt en état d’alerte.
Les réalisations passées ne sont pas toujours indicatives des succès futurs. Ainsi, nous nous efforçons continuellement d’adapter notre institution à l’évolution des normes comportementales et sociétales de nos clients, sans sacrifier les qualités distinctives qui ont fait le succès de notre modèle dans le secteur bancaire français.