On se souvient fréquemment de ces statistiques parlantes sur l’Unofi (Union Notariale Financière) : sur les quatre chefs d’entreprise, un a mis en place un mécanisme de transmission, un l’envisage, et deux se croient immortels. Les obstacles à la réussite d’une transmission d’entreprise sont nombreux, notamment la réticence des entrepreneurs, le manque de connaissances et la complexité juridique.
Or ce manque de planification a un prix, ont souligné les intervenants de l’Unofi lors d’une réunion organisée à l’initiative de la Chambre Interdépartementale des Notaires de la Cour d’Appel de Reims en collaboration avec la CCI des Ardennes. En réalité, les transmissions d’entreprises non préparées entraînent la perte d’au moins 50 000 emplois chaque année.
Un coût qui touche aussi directement les chefs d’entreprise et leur personnel d’accompagnement, rarement au fait des enjeux financiers et patrimoniaux complexes que soulève cette décision commerciale cruciale. Si l’Unofi organise de telles campagnes de sensibilisation aux côtés des notaires, c’est pour répondre à ce scénario problématique.
Qu’est-ce qui rend le scénario actuel problématique ?
Unofi : Tout d’abord, peu de chefs d’entreprise réalisent à quel point l’organisation de la transmission de leur entreprise est cruciale. C’est une tâche difficile qu’ils remettent souvent à plus tard ou qu’ils choisissent de négliger car cela les met mal à l’aise de penser à la conclusion de leur parcours entrepreneurial. Une réaction traditionnelle compréhensible, certes, mais aussi profondément regrettable compte tenu du tort qu’elle cause à l’entreprise, à l’héritage du fondateur de l’entreprise et de sa famille, et au tissu économique français.
Le deuxième problème est qu’il y a beaucoup de transmissions d’entreprises – beaucoup plus que ce que l’on peut anticiper d’emblée. Il y a 3,4 millions d’entreprises en France, dont 83% sont des entreprises familiales, qui représentent 54% des emplois français. Et comme 36 % des chefs d’entreprise ont plus de 50 ans, on prévoit que 400 000 à 600 000 entreprises vont changer de mains dans les dix prochaines années. Si, comme c’est le cas aujourd’hui, seul un quart des transmissions est préparé, on peut s’inquiéter pour l’avenir des entreprises familiales françaises.
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Pourquoi la transmission d’entreprises est-elle importante pour l’Unofi ?
L’Unofi : Le Conseil Supérieur du Notariat (CSN) a créé L’Unofi en 1988 dans le but de mettre à la disposition des notaires français les moyens technologiques et humains nécessaires à l’exercice d’une activité de conseil efficace et professionnelle en matière d’organisation du patrimoine, notamment en matière de cession et de transmission d’entreprises. Cette activité fait partie des devoirs officiels du notaire, et parce que les notaires veulent utiliser au mieux leurs connaissances, même dans les cas les plus compliqués, ils disposent d’une organisation centrale, l’Unofi, qui a entre autres pour mission d’informer et de former.
Pour remplir cette mission, l’Unofi réalise de nombreuses réunions et campagnes de sensibilisation de cette nature (300 à 400 par an, dans toute la région métropolitaine), en faisant participer des notaires et des chefs d’entreprise, ainsi qu’en organisant des événements comme un séminaire sur le conseil aux entreprises à l’Université du notariat.
De quelle manière la préparation à la transmission aide-t-elle le dirigeant ?
Unofi : En préparant soigneusement la transmission, on peut déjà éviter les problèmes qu’une préparation négligée entraîne. Des complications nombreuses et douloureuses, notamment en cas de décès du chef d’entreprise. Elles sont de toutes formes et de toutes tailles et sont d’ordre civil, fiscal, social, financier et comptable. Elles peuvent constituer une véritable perte pour le chef d’entreprise, sa famille et son système de soutien, ainsi que pour son entreprise car de nombreuses organisations ont échoué en raison d’une mauvaise planification de leur transmission.
Par conséquent, l’anticipation de la transmission présente une variété d’opportunités, et chaque chef d’entreprise les utilise différemment en fonction de sa situation et de ses objectifs. Par exemple, une planification minutieuse vous donne la possibilité de prévoir l’avenir de vos enfants, de protéger la sécurité financière de votre partenaire en cas de décès et de rester optimiste quant à l’orientation de votre entreprise après votre départ. Enfin, se préparer à une transmission, c’est aussi avoir l’esprit beaucoup plus tranquille en pensant à l’avenir.
Que recommande Unofi pour préparer efficacement une transmission ?
Unofi : Il n’y a pas de formule magique pour la transmission car il y a tellement de facteurs variables à prendre en compte que chaque solution est unique. Au-delà de l’état de son entreprise, il faut effectivement tenir compte de sa situation personnelle et familiale, de son statut marital, de sa planification successorale, de son patrimoine professionnel et privé, de ses contraintes uniques et de ses objectifs personnels.
Face à cette complexité, le chef d’entreprise a tout intérêt à s’entourer de conseillers capables de faire une analyse complète de ces différentes composantes et des nombreux liens qu’elles entretiennent entre elles. Toutefois, le fait de demander conseil ne dispense pas de la prise de décision finale. Chez Unofi, nous pensons qu’il est essentiel que le chef d’entreprise envisage toutes les possibilités auxquelles il est exposé et qu’il soit celui qui s’engage dans l’alternative par une décision claire. C’est pourquoi nous insistons continuellement sur le fait que l’objectif du conseil en transmission doit être de fournir un outil de décision optimal plutôt que de présenter une réponse unique.