Depuis sa création en 1971, Klaus Schwab préside le Forum économique mondial de Davos, en Suisse, qui n’a cessé de rassembler chefs d’État, magnats des affaires et représentants de tous horizons. C’est aussi un penseur stratégique qui connaît les grandes tendances économiques et sociales de l’ère de la mondialisation. Il est le principal théoricien de la quatrième révolution industrielle en cours, qui se caractérise par l’essor de la technologie numérique, de la numérisation et de l’intelligence artificielle.
Retour sur la vie de ce visionnaire octogénaire qui a fondé le Forum économique mondial de Davos
Klaus Schawb est né en Allemagne (Ravensbourg) à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ingénieur de formation, il obtient un doctorat en économie et devient professeur à l’université de Fribourg en Suisse. En 1971, à l’âge de 32 ans, il crée le premier symposium européen de management à Davos, une ville de Suisse orientale. A la base, ce symposium est une tentative de réunir des universitaires et des chefs d’entreprise suisses pour quelques jours de discussion économique dans les Grisons. Rapidement, ce rassemblement annuel est devenu connu sous le nom de « Forum of World Economics » (Forum économique mondial). Le Forum de Davos est une organisation à but non lucratif qui reçoit des fonds de plusieurs grandes entreprises (dont Total, Sanofi, Veolia, Google, Facebook, etc.). Malgré cela, l’organisation compte plus de 500 employés et dispose d’un budget conséquent de près de 200 millions d’euros. Pendant quatre jours, en janvier de chaque année, elle accueille 2 500 hommes influents (hommes politiques, chefs d’entreprise, intellectuels et membres de la société civile) qui peuvent nouer des contacts dans un cadre informel entre les 300 conférences publiques. Davos a été qualifié de toutes sortes de choses, depuis un « repère de capitalistes riches et puissants qui manœuvrent pour défendre un système libéral qui les fait prospérer » jusqu’à « une machine à café mondiale où les gens bavardent, échangent des tuyaux et s’en vont », selon les termes de Jacques Attali. D’autre part, son fondateur, Klaus Schwab, plaide avec force pour que le Forum soit une institution indispensable, capable d’identifier les problèmes mondiaux, de chercher des solutions et de s’efforcer d’améliorer le monde par des collaborations public-privé, notamment dans les domaines de la santé et de l’environnement.
Théoricien de la quatrième révolution industrielle
Klaus Schwab est bien placé pour réfléchir à la quatrième révolution industrielle puisqu’il préside le Forum de Davos, dont l’objectif est d’analyser les tendances économiques et sociales mondiales. Klaus Schwab affirme qu’après la révolution mécanique et vaporeuse, la révolution de l’automatisation et de l’électricité, et la révolution des technologies de l’information, nous allons entrer dans la quatrième révolution, caractérisée par la croissance phénoménale de l’intelligence artificielle (IA), de la numérisation (DI) et de la robotisation des processus (impression 3D, Cloud computing, Big data, drones). Selon Klaus Schwab, elle accélère le développement tumultueux de l’économie et ébranle les fondements mêmes de nos sociétés. Expert du concept schumpétérien de « destruction créatrice », il examine les effets sur le marché du travail, prédisant l’extinction des rôles intermédiaires et l’émergence de toutes nouvelles professions. Sur le plan négatif, il prédit l’élimination des emplois administratifs dans les secteurs bancaire et gouvernemental. Du côté positif, il évoque l’éclosion de nouvelles professions dans le secteur des services (réparateurs de robots, ingénieurs en IA, scientifiques travaillant dans les biotechnologies, l’informatique quantique, la robotique et l’internet des objets) et dans les secteurs de la santé et du social en raison du vieillissement de la population.
Tirer le meilleur parti du tournant de la quatrième révolution industrielle
Klaus Schwab a été qualifié de « héros du libéralisme équivoque », mais il a également exhorté les gens à renoncer aux excès d’un capitalisme déséquilibré et plaidé pour une plus grande participation sociale dans le sillage de la crise financière de 2008. Il ne se fait aucune illusion sur les conséquences dévastatrices de la révolution industrielle en cours. Un grand nombre de travailleurs seront laissés sur le bord de la route de la mondialisation parce qu’ils ne pourront pas s’adapter à ces profonds changements. Pour réussir la transition vers la quatrième révolution industrielle, les États-Unis devront investir des quantités massives de ressources, tant humaines qu’financières, dans le recyclage des travailleurs pour des professions entièrement nouvelles. Une grande partie des travailleurs sera incapable de s’adapter sans une formation adéquate, ce qui entraînera des troubles sociaux parmi la longue traîne des défavorisés à la suite de cette révolution. Le risque est si grand que les mouvements populistes, tels que le Brexit au Royaume-Uni et Trump aux États-Unis.