Vers un géant incontesté des médias et de l’édition avec la fusion Vivendi-Lagardère ?

Depuis septembre 2021, Vivendi est le premier grand actionnaire de Lagardère, ce qui rend d’autant plus déroutant le double pari de Vincent Bolloré.

Pressé de prendre une retraite anticipée dans quelques jours seulement, Vincent Bolloré a accéléré la prise de contrôle de Lagardère dont il parle depuis un moment déjà.

Lagardère absorber par OPA

Les litiges juridiques avec la société d’investissement britannique Amber Capital avaient affaibli le groupe Lagardère au point que Vincent Bolloré était proche de racheter l’entreprise. Comme le PDG de l’entreprise n’a pas annoncé son départ à la retraite lors de la célébration du bicentenaire de l’entreprise le 17 février, on peut considérer qu’il a terminé. Au lieu de cela, il sera en charge de l’OPA pour tenter d’obtenir les pièces manquantes, aidé par Arnaud Lagardère lui-même.

Le conseil d’administration de Vivendi doit encore se réunir le 21 février pour approuver les détails de la transaction avant de les envoyer à l’AMF ; après quoi, l’organisme de réglementation de la bourse pourrait se prononcer sur la conformité de l’offre. Comme Vivendi détient déjà 45% de Lagardère, cela ne devrait pas poser de problème. Le prix de l’action est passé de 24,10 euros à 25,50 euros afin que les actionnaires sortants puissent se défaire de leurs avoirs rapidement et sans inquiétude. Il ne fait aucun doute que ceux qui choisissent de rester seront tout aussi heureux de voir la somme de leurs composants augmenter de prix et accepteront donc l’offre de Vincent Bolloré.

L’OPA n’est pas toujours synonyme d’hostilité

Les premières informations suggèrent que l’acquisition publique est menée en « consortium » avec Arnaud Lagardère, qui a publiquement exprimé son approbation de la démarche. En fait, c’est lui qui a contacté Vincent Bolloré pour tenter de contrer les objectifs du fonds d’investissement britannique Amber Capital, qui détient désormais 17,5 % du groupe Lagardère. Depuis, Jean-son Luc’s est devenu un patron (presque) comme son père ; il se réjouit visiblement de l’arrivée de Bolloré : « pour Europe 1, c’est une bénédiction d’avoir Vincent Bolloré », a-t-il déclaré à l’un des journaux maison, le JDD. L’annonce est faite.

Par ailleurs, la bourse ne s’attend pas à une réaction positive au rachat. Le cours de l’action Lagardère a augmenté d’environ 20 % après l’annonce de l’OPA en septembre de l’année dernière.

Cependant, il est clair que tous les employés ne sont pas complètement honnêtes. On ne peut pas nier que Vincent Bolloré n’est pas connu pour une position de non-interventionnisme.

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Les professionnels de l’édition sont inquiets

Si l’opération réussit, le géant des médias Vivendi sera l’unique propriétaire de Lagardère. Sans oublier de renforcer sa position de poids lourd mondial de l’édition et des médias.

Vivendi, qui possède déjà Canal + et Editis, obtiendrait Hachette en cas de fusion avec Lagardère. Il est évident qu’il serait difficile de concurrencer la puissance combinée des deux plus grandes maisons d’édition françaises après une telle fusion, tant au niveau de l’industrie de l’édition que de la distribution de livres. Il s’agit d’un niveau d’influence que le marché français du livre n’a jamais connu auparavant, et cela n’inspire pas beaucoup de confiance au SNE, qui valorise la diversité éditoriale et commerciale.

Bien que personne chez Hachette n’ait semblé particulièrement surpris par cette acquisition, beaucoup s’inquiètent ouvertement du fait que l’entreprise pourrait perdre son caractère distinctif en conséquence. Et surtout, on peut supposer qu’ils se souviennent de la véhémence avec laquelle Vincent Bolloré a intenté une action en justice contre Hachette pour deux livres qui avaient été saisis par l’éditeur. Partager l’information n’est pas un crime, et Vincent est un homme très compétent.

Et bientôt, ce Vincent sera le patron tout-puissant d’Hachette.